Lire et s'évader

Petit Pays de Gaël Faye, un roman poignant

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Petit Pays… Tu m’as surprise !

Je fais partie de ces personnes qui ont constamment un livre en cours. Vous savez, ces gens qui s’inquiètent parce qu’ils n’ont plus rien à lire, qui passent à table avec un livre ou un magazine, et qui, s’ils n’ont vraiment rien sous la main, entreprennent de lire la boîte de céréales au petit-déjeuner (véridique !). Alors, évidemment, je suis régulièrement à la recherche de nouveaux bouquins. Je suis tombée sur Petit Pays de Gaël Faye. Je venais de terminer le cruel « Chanson Douce » de Leila Slimani, et j’avais envie de légèreté. Ce titre « Petit Pays » me semblait doux, mélancolique et prometteur – j’avais en tête le délicieux titre de Césaria Evora.

La couverture bleu ciel et la silhouette d’un enfant gracile, insouciant et joueur a achevé de me convaincre. Ça n’a pas été exactement ce à quoi je m’attendais… mais croyez-moi, je ne suis pas prête d’oublier ce roman.

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Résumé du roman Petit Pays de Gaël Faye

Dans les années 90, Gabriel passe une enfance heureuse au Burundi avec son père, entrepreneur français, sa mère, jolie réfugiée rwandaise, et sa jeune sœur Ana. Gabriel est un privilégié, qui vit dans une impasse préservée, à l’abri des soubresauts du monde. Avec ses amis, il joue, s’amuse, fait les 400 coups et des razzias de mangues, boit des bières tièdes dans des cabarets mal éclairés, au milieu des effluves des bougainvilliers et des frangipaniers. De temps en temps, des rumeurs lui parviennent : l’espoir de la population pour de nouvelles élections, l’effarement et la stupeur après un coup d’état, et la violence qui monte, inexorable, monstrueuse, au Burundi, mais surtout au Rwanda voisin.

J’avais une dizaine d’années quand cette guerre a commencé – le même âge que Gabriel. J’entendais les adultes parler du génocide avec des visages graves et sérieux. J’entendais les chiffres*, effroyables, incroyables, mais je n’en mesurais pas la portée.

A travers le récit de Gaby, à travers ses yeux d’enfant, j’ai vécu sous le soleil de Bujumbura, j’ai senti l’odeur sucrée des mangues, j’ai entendu les balles siffler à mes oreilles, j’ai tremblé avec lui quand il s’inquiétait pour ses proches, j’ai pleuré sur son innocence perdue, sur cette guerre absurde et insensée.

J’ai refermé le livre (en fait : j’ai éteint ma liseuse) un peu différente. Moins ignorante, plus éclairée, encore abasourdie par l’horreur de ce qui s’est déroulé, il y a à peine plus de 20 ans, à quelques milliers de kilomètres de chez moi.

J’ai trouvé ce livre à la fois lumineux et puissant, léger et douloureux. Écriture douce, fluide et poétique : c’est une petite douceur sucrée, qui finit par une note âpre et amère. Et quand la lecture s’achève, impossible de retourner immédiatement vaquer à ses occupations : c’est le genre de livre qui laisse des traces, presque indélébiles, sur la vision que l’on a du monde. J’ai toutefois regretté l’absence d’explications historiques sur les origines du conflit entre Hutus et Tutsis, même si j’en comprends la raison, le récit étant écrit du point de vue d’un enfant.

*Pour en apprendre davantage sur le génocide des Tutsis au Rwanda, cliquez sur ce lien.

Un roman publié aux éditions Grasset

Extraits du roman Petit Pays de Gaël Faye

« Il m’obsède, ce retour, je le repousse, indéfiniment, toujours plus loin. Une peur de retrouver des vérités enfouies, des cauchemars laissés sur le seuil de mon pays natal. Depuis 20 ans je reviens ; la nuit en rêve, le jour en songe ; dans mon quartier, dans cette impasse où je vivais heureux avec ma famille et mes amis. L’enfance m’a laissé des marques dont je ne sais que faire. Dans les bons jours, je me dis que c’est là que je puise ma force et ma sensibilité. Quand je suis au fond de ma bouteille vide, j’y vois la cause de mon inadaptation au monde. »

« Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s’y sont pas noyés sont mazoutés à vie. »

En savoir plus sur Gaël Faye, l’auteur de Petit Pays

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Crédit photo : France Culture

Du coup, forcément, je me suis intéressée à Gaël Faye. Lorsque j’aime un livre, j’ai souvent envie de mieux connaître l’auteur. J’ai ce besoin un peu bizarre d’en savoir plus – je cherche un visage, une voix, un vécu, derrière un roman qui m’a interpellée, une histoire qui m’a fait voyager.

Gaël Faye, lui, a la peau caramel, des tâches de rousseur, un corps long et fin – à la Stromae – et une allure juvénile. Du haut de ses 34 ans, il a déjà vécu plusieurs vies : après une enfance africaine au Burundi, l’auteur de « Petit Pays » passe son adolescence en banlieue parisienne, se passionne pour le rap, étudie la finance dans une école de commerce, passe quelques années à la City, quitte Londres pour se consacrer à la musique, sort deux albums et choisit de quitter la France pour s’établir au Rwanda – le pays de sa mère – avec femme et enfants, pour écrire ce roman encensé par la critique.

Mais avant d’être un livre, « Petit Pays » est un titre né en 2012. Si vous ne le connaissez pas encore, hâtez-vous d’appuyer sur la touche « play »  et laissez-vous séduire. C’est un voyage, un poème, une merveilleuse déclaration d’amour : depuis que je l’ai découvert, je ne cesse de l ‘écouter en boucle !

Et vous, avez-vous lu Petit Pays ? Avez-vous été aussi convaincue que moi par le talent de Gaël Faye ? Je suis curieuse d’avoir votre avis, n’hésitez pas à me laisser un commentaire !

Pour commander le livre Petit Pays de Gaël Faye, cliquez ici !

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11 Commentaire

  • Répondre
    Ly
    14 juin 2019 at 4 h 27 min

    Merci beaucoup de nourrir notre envie de lire car on sent dans tes mots que tu es passionné car pas de lien de ventes, tout est donc désintéressé. Et comme j’ai l’habitude de lire des articles et des vidéos sur un roman avant de le commencer ce qui personnellement me facilite sa lecture et m’implique encore plus dans la compréhension du sujet.

    Nous serons donc dans l’attente d’autres articles du genre afin de découvrir d’autres merveilles littéraires.

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    MANGA BENJAMIN
    18 septembre 2018 at 3 h 01 min

    Slu…je vis au Sénégal… j’ai lu L’Ainé des orphelins du Guinéen Tierno Monénembo…J’aimerai bien savoir comment Gaël Faye aborde la question du génocide puisqu’il est lié à cette tragédie…mais malheureusement…c’est difficile de se procurer son roman…ALORS SVP même un lien fiable ou je pourrais télécharger la version électronique §§ Merci et bonne continuation.

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    mdbmanon
    23 février 2018 at 11 h 10 min

    J’ai lu ce livre il y a peu. Dan ma petite librairie à coté de chez moi, j’ai vu ce livre, dont le titre m’évoquait non seulement la chanson de Gael Faye mais aussi celle de Cesaria Evora. J’ai vu que l’auteur était Gael Faye, et j’ai été tellement surprise qu’il est écrit un livre que je l’ai acheté. C’est effectivement un livre puissant. J’adore la plume de Gael Faye. Et tout ce monde de l’enfance qui s’écroule par la violence de la guerre. Je n’y connaissais rien à ce conflit, moi non plus. On nous évoque toujours des conflits lointains rapidement et avec détachement, alors que c’est une réalité constante. Un livre coup de poing.

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    PHILIPPE D
    30 septembre 2017 at 19 h 04 min

    Un livre que j’ai reçu en cadeau sinon l’aurais-je lu? Je me méfie de l’effet de masse, des critiques trop positives, car j’ai souvent un avis différent de l’ensemble du lectorat. Eh bien, cette fois, je fais partie des admirateurs de Gaël Faye. J’ai beaucoup aimé son écriture et son autobiographie est très intéressante !

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    Nicolas
    10 mai 2017 at 10 h 28 min

    Bon livre, mais il m’a manqué quelque chose pour qu’il soit vraiment marquant. Peut-être dans l’écriture, ou dans l’histoire proprement dite?

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    bibliblogueuse
    10 mars 2017 at 15 h 21 min

    J’ai énormément aimé ce roman, plein de tendresse et de poésie. J’ai trouvé que Gaël Faye avait très bien réussi à créer une ambiance, une atmosphère chaleureuse autour de son paradis d’enfant dans la première moitié du livre.

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      Aurélie l'exploratrice
      17 mars 2017 at 16 h 50 min

      Merci beaucoup ! Du coup, j’ai découvert avec grand plaisir ton blog : des livres et des voyages, j’adore, forcément !

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    maman est en blouse blanche
    10 mars 2017 at 14 h 50 min

    Ce n’est pas la première fois que j’entend parler de ce livre, je vais peut être tenter

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      Aurélie l'exploratrice
      17 mars 2017 at 16 h 45 min

      Tu peux tenter ! Et n’hésite pas à venir vers nous pour nous donner ton avis 😉

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    Alain Siegler
    6 mars 2017 at 8 h 37 min

    Bonjour, Gaël Faye je suis fan, des textes formidables et touchants, un exemple (Metis, avec mon pote Mister Sacha un autre artiste magnifique)

    • Répondre
      Aurélie l'exploratrice
      17 mars 2017 at 16 h 36 min

      Je suis bien d’accord ! Les textes sont sublimes !

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