Janvier 2017. Mon dernier voyage remonte à moins de 4 mois et déjà la fièvre du voyage, la frénésie de la découverte me gagne. Le quotidien, c’est bien beau, mais je rêve d’aventures. Je veux voir de nouveaux mondes, manger des plats inédits et surprenants et rencontrer des gens avec une autre histoire que la mienne. Alors, je me pose la question que nous nous posons toutes, nous les Exploratrices : où aller ? Le dernier voyage, c’était New-York et Québec, au départ de La Réunion. Top, mais j’aspirais, cette fois, à quelque chose de plus proche et moins onéreux. Alors, ce sera Mayotte !
1/ C’est où, Mayotte ?
Mayotte est une île-confettis, située dans le canal du Mozambique, qui fait partie de l’archipel des Comores. Une île perdue dans la mer, à quelques encablures de Madagascar. A peine 363 km², (soit près de 7 fois moins que la Réunion, et 24 fois moins que la Corse), ce petit bout de terre en forme d’hippocampe est le 101ème département français depuis 2011.
Pour autant, à part les enseignes familières (La Poste, Orange, Auchan…), on n’a pas vraiment l’impression d’être sur le sol français : la culture mahoraise, la langue (le shimaoré), la nature impénétrable, les couleurs chatoyantes des salouvas (tenues traditionnelles des Mahoraises) : tout ici évoque l’Afrique. Le dépaysement est total.
2/ Comment faire pour aller à Mayotte ?
Depuis 2016, Air Austral propose deux vols directs par semaine entre Paris et Dzaoudzi. Près de 10 heures de vol sont nécessaires pour atteindre cette petite France du bout du monde. Oui, c’est long, mais croyez-moi, ça vaut le coup ! Les prix oscillent entre 800 et 1000 € et peuvent exploser en haute saison.
Au départ de La Réunion, Air Austral et, depuis peu, Corsair, proposent cette destination. Il vous faudra 2 heures pour joindre Dzaoudzi, au départ de Saint-Denis-de-la-Réunion. Pour une semaine début mars 2017, nous avons payé 200 € par personne.
Nul besoin de vous préoccuper de mettre à jour votre passeport : à Mayotte, terre française, votre carte d’identité suffit !
3/ Et niveau climat ?
Certains d’entre vous le savent, je vis à La Réunion et je suis donc habituée à l’été austral. A Mayotte, pourtant, la chaleur est différente : moite, écrasante, équatoriale. Les températures dépassent les 30 degrés, été comme hiver. La température de l’eau est juste incroyable : entre 26 et 30°C toute l’année ! Allez-y plutôt en hiver (juin-octobre), pour éviter la saison des pluies et profiter de la venue des baleines !
4/ Côté sécurité, c’est safe ?
Question récurrente… Quelques mots d’abords sur la situation à Mayotte. L’archipel des Comores, ce sont 4 îles : Anjouan, Grande Comore, Mohéli et Mayotte. 70 kilomètres seulement séparent Mayotte de sa voisine Anjouan. Alors, régulièrement, les habitants des Comores tentent d’accoster sur l’île française, qu’ils voient comme un eldorado, une nouvelle chance, où la vie, forcément, serait meilleure que chez eux.
Tous les jours, des Comoriens payent une petite fortune à des passeurs sans scrupules pour faire la traversée. Tous les jours, des kwassas-kwassas (petits canots de pêche) bondés prennent la mer et arrivent illégalement sur les plages de Mayotte. Tous les jours, des clandestins s’entassent dans des bidonvilles aux lisières de Mamoudzou, de Combani, ou même parfois au cœur des forêts. Alors, oui, il y a de l’insécurité. Oui, il y a des cambriolages. Oui, les vols sont une réalité. Pour ne pas attirer les convoitises, il ne faut donc rien laisser dans les voitures ; d’ailleurs, les loueurs recommandent de ne pas verrouiller le véhicule, pour ne pas risquer une effraction. Certains sites extraordinaires, comme la cascade Soulou ou la Pointe Saziley, ont été le théâtre de tant d’agressions que cela vous dissuade définitivement d’y aller. Et puis ensuite, c’est du bon sens, ne laissez pas vos affaires sans sur surveillance sur la plage quand vous allez vous baigner. Enlevez vos bijoux, accessoires de valeur et rangez votre smartphone.
Pour autant, ne vous laissez pas décourager par ces recommandations, qui sont semblables à celles qu’on vous donnerait au Brésil ou au Venezuela ! Pour ma part, en une semaine, je n’ai pas ressenti ce malaise, cette insécurité qui m’a été si souvent décrite. Car malgré le climat social, cette île est un trésor qui mérite d’être découvert.
5/ On y mange quoi ?
A Mayotte, on mange beaucoup de féculents : riz, manioc, bananes ou fruits à pain. N’hésitez pas à goûter la cuisine des « mamas brochettis », une cuisine de rue, très appréciée des Mahorais. Et ne boudez pas le piment ! Le fameux poutou, vendu dans de petits sachets, est à tomber par terre ! J’ai eu l’occasion de goûter au riz pilao, une sorte de riz cantonais version tropicale, avec de la viande et des épices ; ainsi que le fameux Mataba, des brédes (feuilles comestibles) au lait de coco : un vrai régal !
Pour déguster de la bonne cuisine mahoraise, je vous conseille le Boboka, petit resto typique, en plein centre de Mamoudzou. Pas mal de choix, des saveurs inédites à découvrir, des plats délicieux : surtout, ne le manquez pas !
>> A Mamoudzou, traversez la place Mariage, et aventurez-vous dans les dédales des petits sentiers adjacents : le restaurant est « caché » derrière des feuilles de tôle. Ne vous fiez pas à l’environnement peu amène, vous ne le regretterez pas !
6/ Où loger à Mayotte ?
A Mayotte, le tourisme n’en est encore qu’à ses balbutiements : il y a relativement peu d’hébergements et ce sont majoritairement des gîtes et des chambres d’hôtes. Peu d’hôtels et ils sont généralement plutôt onéreux. Airbnb est implanté dans l’île, mais je n’ai pas testé cette formule.
Nous avons choisi, sur les conseils d’amis, l’hôtel Sakouli à Bandrelé, dans le sud de Grande-Terre. Il s’agit d’un hôtel 3 étoiles, plutôt vieillissant ; mais c’est néanmoins celui qui offre les meilleures prestations de Mayotte. Les chambres sont correctes, la cuisine est bonne – j’ai toutefois regretté que la cuisine mahoraise ne soit pas suffisamment mise à l’honneur. Plutôt cher pour les prestations proposées (150 €/nuit) ; toutefois, allez-y au moins pour un déjeuner, boire un verre et profiter de la piscine. La vue est absolument à tomber à terre !
>> Bon plan : en période de grandes vacances, beaucoup de métropolitains et de Réunionnais installés sur Mayotte partent en vacances et cherchent à faire garder leur maison ou appartement, à des prix défiant toute concurrence. Renseignez-vous sur des sites de voyages, comme Voyageforum.com.
7/ Quels souvenirs ramener ?
L’artisanat est relativement peu développé à Mayotte. A Mamoudzou, vous trouverez surtout de l’artisanat malgache et bien plus cher que dans son pays d’origine. Les adeptes du shopping seront, dans l’ensemble, plutôt déçus : peu de magasins et peu de choix. Même les vêtements « souvenirs » ne font pas légion. J’ai fait plusieurs magasins avant de trouver pour mon fils un tee-shirt maki.
Vous pouvez tout de même trouver votre bonheur en achetant le traditionnel sel de Bandrélé, les exubérants chapeaux de Sada, les huiles essentielles d’ylang-ylang ou les traditionnels salouvas. Beaucoup d’épices également au marché de Mamoudzou, idéal pour mettre un peu de couleur et de goût dans sa cuisine !
Pour ma part, je me suis laissée séduire par le m’dzindzano, masque de beauté traditionnel au santal, plébiscité par les Mahoraises qui le portent toute la journée – il serait efficace contre la morsure des moustiques et celle du soleil – et par une jupe wax, largement inspirée des salouvas colorés.
8/ Que lit-on, une fois là-bas ?
Vous faites partie de ceux qui n’envisagent pas de partir, ne serait-ce qu’une semaine, sans un bon bouquin ? Et si ce roman peut vous faire voyager, c’est encore mieux ? J’ai ce qu’il vous faut !
Pendant mon séjour à Mayotte, j’ai littéralement dévoré « Tropique de la violence », prix fémina des lycéens 2016, brillamment orchestré par la Mauricienne Natacha Appanah. Un roman à plusieurs voix, avec pour toile de fond Kaweni – le plus grand bidonville de Mayotte, surnommé Gaza. Une histoire dramatique, sur une jeunesse au bord du chaos, sur une île paradisiaque qui devient peu à peu un enfer, dans l’indifférence quasi-générale du reste du monde. Pas si éloigné de la réalité.
9/ Comment se déplacer sur Mayotte ?
En ce qui nous concerne, nous avons préféré louer un véhicule, pour plus d’autonomie et de liberté. Nous nous sommes adressé à la compagnie Garcia Location. Je ne connais pas les autres loueurs de l’île, mais je ne conseillerais pas cette compagnie ; tant les conditions sont hallucinantes (« si vous vous faites voler la voiture, vous devez la rembourser intégralement ».) Nous avons dû payer 50 € pour l’équivalent d’un demi-bac d’essence, largement au-dessus des prix pratiqués à la pompe. A éviter donc. N’ayant pas testé d’autre compagnie de location de véhicule, je ne saurai vous renseigner davantage. Demandez à votre hôtel ou à des connaissances, encore mieux !
Il y a des taxis collectifs (qui font office de bus) qui vont et viennent régulièrement, mais vous risquez de passer beaucoup de temps dans les transports.
Mayotte, ce petit coin de paradis au climat social incertain, ces trésors naturels extraordinaires encore ignorés du tourisme de masse, surprend même les voyageurs les plus avertis. Ces couleurs omniprésentes, qui semblent être plus intenses qu’ailleurs ; cette chaleur humide, plus vive sous ce ciel ; cette nature qui semble prendre toute la place, une fois qu’on a passé Mamoudzou. Tout cela et plus encore, vous le trouverez ici, à Mayotte.
Vous avez pris vos billets ? Vous souhaitez organiser votre séjour ? Retrouvez ici mon article sur quoi faire à Mayotte pour vous aider au mieux sur les activités possibles.
N’hésitez à me donner vos avis, commentaires et à bientôt pour de nouvelles aventures !
9 Commentaire
Fred
10 octobre 2018 at 13 h 08 minBonjour Aurélie, pourrait tu m’indiquer où se trouve le Auchan? Parce que malheureusement contrairement à La Réunion il n’y a pas ce type d’enseigne à mayotte.
said anli
26 mars 2018 at 20 h 57 minmayotte c est une belle iles domage ke on a oublier
So976
11 avril 2017 at 21 h 02 minDire que l’hôtel ou vous avez logé est le meilleur de l’île est un peu approximatif, on pourrait vous croire si vous les aviez tous essayé. Sinon ça fait plaisir de lire un article objectif sur Mayotte . bons voyages !
Aurélie l'exploratrice
13 avril 2017 at 17 h 14 minMerci So976 pour ton commentaire ! Effectivement, nous n’avons pas testé d’autres hébergements ; c’est un ami qui vit à Mayotte depuis 7 ans qui nous a conseillé cet établissement qui était le meilleur selon lui 😉 Si tu as d’autres bonnes adresses, n’hésite pas à les mettre en commentaire, je serai ravie de les tester lors d’un prochain voyage 😉
Charlotte.
11 avril 2017 at 11 h 33 minBonjour Aurélie, je vis à Mayotte depuis 6 ans et ton article sonne juste bravo car cela est loin d’être évident de bien appréhender Mayotte quand l’on y vit pas. J’ai connu ton article car il a été relayé par la page Facebook du média Kwezi (KTV) mals injustement attribué à GÉO.
Aurélie l'exploratrice
13 avril 2017 at 17 h 02 minTon commentaire me touche beaucoup Charlotte, merci ! Ton opinion me touche d’autant plus que tu connais manifestement bien Mayotte, ses beautés et ses problématiques. Et merci pour l’info, j’ignorais qu’il avait été relayé par le média Kwezi 😉
Marine
21 juillet 2017 at 15 h 55 minBonjour Charlotte
Je vais venir vivre à Mayotte pendant 12 mois à partir de septembre prochain pour une mission de service civique. Pourrais-tu me dire ce que tu penses de la vie là-bas ?
D’après les nombreux retours, les gens sont « bizarres », il faut se faire discret car tout le monde se jalouse, il ne faut pas trop parler et les blancs et les noirs ne se mélangent pas, il faut avoir un bon mental pour vivre là-bas…
Tous ces retours me font pas mal réfléchir et j’aimerais avoir un avis d’une personne qui y vit depuis un moment et qui a connu cette insertion.
Merci pour ton retour!
Marine
Caroline R.
4 avril 2017 at 0 h 32 minSuper article qui donne vraiment envie de se pencher sur cette destination !! Merci Aurélie 🙂
Aurélie l'exploratrice
13 avril 2017 at 16 h 49 minMerci Caroline ! 😉