Le sujet « comment oser ne pas rentrer dans le moule » a été suggéré par une lectrice sur notre compte Instagram. Quelle belle idée ! Quand je l’ai vu, j’ai sauté sur l’occasion, car c’est un sujet qui me tient vraiment à cœur : ne pas rentrer dans le moule, c’est tout moi !
Qui suis-je ?
Je ne vais pas raconter toute ma vie ici, mais si mon histoire peut en aider certaines, alors je ne veux pas rater l’occasion.
J’ai grandi dans une famille avec un père handicapé, une mère étrangère, dans une zone frontalière. Je suis l’aînée de 3 enfants. Je suis née en Russie mais j’ai vécu en France dès mes 3 mois. Mon père est le seul à travailler (dans une organisation internationale) et gagne plutôt bien sa vie. Le dimanche, on allait à l’église évangélique (il parait qu’en France c’est considéré comme une secte… laissez-moi rire !). J’ai été dans 2 maternelles, 2 primaires, 2 collèges et un seul lycée (ouf !). Scolarité suivie en France, mais toutes nos activités extra scolaires étaient en Suisse. J’ai toujours été moyenne à l’école. Je n’aimais pas étudier de toute façon. J’ai fait 3 ans d’études en management hôtellerie et restauration (dans une super école, il faut le dire : merci Papa & Maman). J’ai continué à déménager. Puis je me suis mariée avec un ami de l’école. On est partis vivre à Taiwan. Au bout de 1 an et demi, je suis tombée enceinte. Au milieu de ma grossesse, on a déménagé en Corée du Sud où j’ai accouché. Le jour de notre départ pour Bali, je me suis rendue que j’étais à nouveau enceinte… pas prévu, mais grand bonheur quand même!
Avec le recul, il a été beaucoup plus pesant de ne pas rentrer dans le moule jusqu’au lycée, que pendant ma vie adulte. Je passais ma vie à expliquer d’où venait mon prénom, pourquoi je n’étais pas affiliée à la Sécurité Sociale, à quoi était dû le handicap de mon père, d’où venait l’accent de ma mère, etc. Les gens ont le don de te renvoyer en pleine figure les choses qui font que tu es différente ! Aujourd’hui, je réponds avec plaisir aux mêmes questions : comme quoi on change, même si la situation est exactement la même.
Mais qu’est-ce que le « moule » ?
En me penchant plus sérieusement sur le sujet, la première question qui me vient à l’esprit est : c’est quoi ce fameux « moule » ? Faire des études, trouver un travail, un mec, se marier, acheter un appart et faire des bébés ? Ou partir à l’étranger pendant ses études ou son premier emploi, trouver un job de rêve dans une grande capitale et construire une carrière faisant pâlir d’envie les copains des parents ? Honnêtement, j’ai du mal à cerner ce qu’est ce « moule ».
J’ai donc posé la question à ma team des Exploratrices. Et voici leurs réponses :
« Rentrer dans le moule c’est ne pas être toi-même pour faire plaisir à la société, à ton entourage, pour éviter parfois des questions, des justifications, etc. Mais c’est pas totalement vrai parce que j’imagine qu’il y a des personnes qui sont sincèrement heureuses en étant dans ce même moule… » Caro R.
« C’est être « normale » selon les standards de la société occidentale : faire des études, gagner de l’argent, avoir un CDI, des gosses et un chien, c’est avoir les cheveux longs et être jolie sans en faire trop. C’est renier son unicité et se couper des membres. On est tous uniques et différents… donc même dans le moule, on l’est. C’est juste pas assumé. » Fanny
« Rentrer dans le moule, c’est s’adapter à l’environnement, aux limites mises en place, etc. un peu comme le moule d’un gâteau !! En fonction de sa forme, soit tu y rentres et t’y adaptes parfaitement en fonction des attentes, soit t’as trop de levure en toi et tu débordes ! « Ornella
« La société nous dicte comment nous devons nous comporter, impose ses standards et fait en sorte que nous soyons tous conformes à leur moule. Ne pas vouloir d’enfants par exemple c’est ne pas être dans le moule, c’est contre nature pour pleins de gens alors que ce n’est pas une fin en soi. La société et les gens en général n’aiment pas les anticonformistes parce que ça leur fait peur. Être dans le moule, ça a un côté rassurant… Ne pas être dans le moule c’est ne pas faire comme tout le monde, être fidèle à soi-même et ses valeurs, peu importe les « standards » ! » Caro V.
Suite à cette conversation, je me suis rendu compte qu’il y a des attentes de notre entourage, des limites sociales à ne pas dépasser, des pressions implicites de la société, des traits de caractère que tu es censé avoir… C’est pour moi un sujet intéressant puisque depuis petite j’ai l’impression de toujours être à côté de la plaque et de regarder les autres évoluer, de loin, sans me sentir concernée.
Une affaire de caractère
C’est là que rentrent en compte ton tempérament et ton caractère.
Je ne suis pas du genre à me laisser faire, ni à chercher le conflit. J’ai donc toujours répondu poliment aux questions qu’on me posait. J’avoue que selon le ton employé par l’interrogateur, je mettais plus ou moins de formes dans ma réponse haha ! Mais mon tempérament n’est pas fougueux. Je suis plutôt timide de base. Alors je n’ai jamais fait tâche, je n’ai jamais eu ce sentiment d’être un vilain petit canard. Et surtout, j’ai eu l’habitude depuis bébé d’avoir le regard des gens sur moi en permanence de part le handicap de mon père. Et j’ai appris à en faire abstraction. Je sais par expérience que certaines personnes ne supportent pas ces regards et s’emportent.
Hors du moule par choix VS. hors du moule de naissance
C’est le dernier point que je voulais aborder.
On peut sortir du moule par choix, ou comme moi, on peut naître hors du moule. Je pense que, comme n’importe quelle différence, elle est toujours plus facile à assumer quand on grandit avec.
Si votre caractère et vos choix de vie font que vous êtes sciemment sorties du moule ou que vous vous êtes vues sorties du moule par la force des choses, j’imagine que c’est plus compliqué. Mais ne perdez pas espoir d’être reconnues à votre juste valeur ! Cette situation s’assume et n’empêche en rien d’être heureuse !
Mes conseils pour être fière de ne pas rentrer dans le moule
Ce sont ici les conseils tirés de mon expérience. Je n’ai pas la vérité absolue. Je ne suis pas psy. Mais j’ai vécu 32 ans dans un monde qui juge la différence. Voici donc quelques conseils pour mieux vivre le fait de « ne pas rentrer dans le moule » :
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Prenez du recul
Essayez de visualiser votre vie, celle de votre famille, celle des gens qui vous entourent avec un œil extérieur. Cette nouvelle perspective permet souvent d’avoir plus d’empathie envers les autres et de savoir qui sont vraiment les gens importants dans notre vie.
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Assumez
Votre incertitude inquiète votre famille. Souvenez-vous qu’ils ne veulent que votre bien et que la colère traduit parfois une simple inquiétude. Si vous êtes sûres de vos choix, que vous assumez votre vie, et surtout, que vous montrez votre bonheur, ils n’auront d’autre choix que de vous soutenir.
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Restez zen
Plus facile à dire qu’à faire, je sais. Mais l’excitation ou la colère font peur à l’entourage. Etre calme traduit une confiance en soi et la certitude de nos choix…
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Osez et profitez de la vie
Je ne le dirai jamais assez : on n’a qu’une vie ! Il FAUT en profiter ! Personne ne peut le faire à votre place : c’est donc un choix à faire ! Il faut oser pour n’avoir aucun regret (attention, oser ne veut pas dire se lancer tête baissée, sans réfléchir). Ne vous privez d’aucun bonheur, les plus simples étant souvent les meilleurs !
Merci de m’avoir lue et n’hésitez pas à partager en commentaire de cet article vos exemples personnels.
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3 Commentaire
Lauren R.
7 octobre 2018 at 9 h 09 minSuper article, comme d’habitude Nadia
Ornella
7 octobre 2018 at 3 h 38 minMerci Nadia! Il est genial cet article!!!